Les contenus vidéos en ligne pour les moins de 12 ans : une vigilance nécessaire.
- Le 15 février 2022
L’augmentation croissante de l’utilisation d’Internet par les plus jeunes nous amène souvent à prendre le temps d’évoquer les problématiques qu’elles soulèvent avec les jeunes publics que nous rencontrons au gré de nos interventions sur les temps scolaires et extra-scolaires.
Si les adolescents recherchent plutôt l’aspect social des contenus, avec la notion d’appartenance à un groupe ou de quête identitaire, les plus petits sont souvent attirés par les contenus plus graphiques, tels que proposés sur Youtube ou TikTok, ou bien les contenus ludiques et interactifs dans les jeux en tous genres.
Pour les uns comme les autres, l’Internet est une source infinie d’apprentissages, qui abreuve la curiosité débordante qui les anime et nourrit souvent avec succès, une créativité toujours plus exacerbée chez ces jeunes générations. Il n’en est pas moins important de rappeler qu’il présente également des dérives et des dangers potentiels.
Quelles pratiques chez les plus jeunes ?
Lors de nos interventions dans les classes de primaire, les enfants évoquent souvent un élément récurrent : la peur ressentie face à certaines vidéos visionnées sur les plateformes en ligne lorsqu’ils surfent sur le net en autonomie, ou en compagnie de leurs aînés. Même si les contenus numériques sont soumis à une limite d’âge, il est très facile, pour eux, de contourner cette limite, ce qui les expose forcément à des contenus inappropriés. S’il faut être légalement âgé de 13 ans minimum pour pouvoir créer un compte sur la plupart des réseaux sociaux, la réalité est bien différente !
Les enfants de l’école élémentaire sont souvent séduits par des formats plus visuels que purement sociaux, comme le propose Tiktok, par exemple. Cependant, il est important de garder à l’esprit que cette application demeure un réseau social, qui propose du contenu partageable à souhait sur une large diffusion et un algorithme plus qu’inclusif dans ce qu’il propose à l’utilisateur. Autrement dit, on trouve de tout sur TikTok.
L’enfant va alors expérimenter le « scroll » (faire défiler) intensif sur des vidéos courtes de quelques dizaines de secondes, sur lesquelles il va poser des likes et des commentaires. Plus encore, il va pouvoir poster ses propres vidéos de manière simplissime, souvent en s’inspirant de ce qu’il a vu, des « trend » diverses et variées. Une trend, c’est une tendance, une mode que chacun va être invité à reproduire : soit sur une musique donnée, une chorégraphie de danse, un jeu d’acting, des POV (histoires de vie plus ou moins fictives), et bien d’autres… Les challenges sont également nombreux, certains représentant un réel danger pour les enfants qui tentent de les reproduire…
Les risques auxquels ils s’exposent
Sur TikTok, la créativité n’a que peu de limites… Il faut aussi garder à l’esprit que, même si l’enfant ne poste pas de vidéos, il absorbe une quantité immense d’informations au travers de ce qu’il regarde. Et le problème, c’est que ce n’est pas forcément adapté à son âge. C’est ainsi que de nombreux enfants évoquent, lors de nos interventions, des éléments vus sur TikTok, ou encore sur la plateforme Youtube, qui les ont apeurés ou choqués et sur lesquels ils ont beaucoup de questions… D’un dessin animé anodin, l’enfant laissé sans surveillance peut rapidement dériver vers des contenus pour adolescents ou pour adultes, à caractère violent ou sexuel. Un contenu inapproprié, quel qu’il soit, peut engendrer une charge émotionnelle empêchant le cerveau de l’enfant, à son stade de développement, de traiter convenablement ce qui a été perçu, jusqu’à avoir un impact profond sur son comportement. A long terme, le stress engendré va diminuer jusqu’à créer un processus “d’habituation”, car le cerveau, incapable de supporter le trop-plein de stress, va par un mécanisme de protection “banaliser” celui-ci. Consécutivement, l’enfant risque de perdre ses capacités d’empathie, de pouvoir se mettre à la place de l’autre, par une sorte d’anesthésie émotionnelle.
Comment les accompagner dans leurs usages ?
Face à un contenu violent, choquant ou effrayant, l’enfant peut être saisi de terreur et, son cerveau ne différenciant pas encore bien la fiction et la réalité, développer des symptômes traumatiques, comme à la suite d’un événement réel. Il faut donc essayer de limiter ces irruptions et au mieux, dialoguer et poser des mots lorsque cela se produit, sans culpabiliser l’enfant et en le rassurant. Dans une moindre mesure, l’enfant a besoin de parler de ce qu’il a vu, pour mieux l’intégrer dans son espace psychique, avec l’aide de l’adulte.
Pour éviter que ces situations ne se produisent, il vaut naturellement mieux éviter de laisser l’enfant sans surveillance sur sa tablette ou son smartphone et bien vérifier les restrictions d’âges sur les vidéos ou films visionnés en famille ; même si certains semblent anodins et largement banalisés (comme les films Harry Potter, par exemple, qui peuvent être effrayants malgré leur large diffusion), ils peuvent présenter des images non adaptées à un jeune public.
Il est aussi conseillé de mettre en place une gestion du temps d’écran, afin d’aider l’enfant par cette approche progressive, à avoir une utilisation maîtrisée. L’Académie américaine de pédiatrie propose par exemple la méthode des “4 pas” ; pas d’écrans le matin, pas d’écrans pendant les repas, pas d’écrans avant de s’endormir, pas d’écrans dans la chambre. Ces règles-repères permettent déjà de réduire les moments où l’enfant peut se retrouver seul avec son écran.
Enfin, il faut garder à l’esprit que le parent reste souvent le principal modèle de l’enfant, il s’agit donc de servir d’exemple et de ne pas visionner d’images inappropriées en présence de l’enfant.
Il existe certains sites sécurisés permettant aux enfants de satisfaire leur besoin d’appartenance et d’imitation – car ils sont souvent fiers de regarder et de faire « comme les grands » : comme un moteur de recherche inspiré de Google (Kiddle), de base de données (Vikidia), ou encore Youtube Kids, qui permet de sécuriser les propositions de l’algorithme.
Article publié par Lise Fabre
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